Mesdames et Messieurs,
En ce jour du 30 mars 2024, soit quelques heures avant la fin du Mois de la Femme, célébré pour la 68ème fois par la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW), je suis heureux de me tenir là, pour magnifier avec vous, la Femme (mère, épouse, fille, sœur ), l’autre moitié du ciel, agente de Paix et de développement . Je suis honoré d’être le parrain de cet évènement inédit et porteur d’un nouveau souffle qui donne au Burkina Faso, des leviers supplémentaires pour se faire entendre, sur un sujet comme les droits des femmes. Pour la grande histoire, notre pays détient le discours le plus engagé qui soit sur la femme. Il a été prononcé le 8 mars 1987 par le Président Thomas Sankara, et on peut aisément le retrouver et entendre de larges extraits cités par les déléguées des pays, chaque année, dans l’enceinte même des Nations Unies.
Je sais que tout le monde dans cette salle connait l’historique de la CSW et ses principaux acquis aux niveaux mondial, continental, régional et national. Cela a été parcimonieusement rappelé par les locuteurs qui m’ont précédé. La date qui a marqué et qui continue de marquer encore les grandes rencontres engageant les nations du monde entier, reste de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes qui a eu lieu à Beijing[1] du 4 au 15 septembre 1995. Il y a eu Beijing, où, des délégués de pays ont adopté une déclaration commune et un programme d'action visant à :
· renforcer le pouvoir des femmes aux niveaux social, économique et politique,
· promouvoir leur indépendance économique,
· leur apporter une meilleure protection contre la violence croissante dont elles sont victimes et à leur assurer l'égalité d'accès à l'éducation et aux soins de santé.
Il se tient en ce moment même à New York, la 68ième session (soit 30 ans plus tard), sur le thème prioritaire « accélération de la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles, par la lutte contre la pauvreté, le renforcement des institutions et un financement tenant compte des questions de genre[2] ». Elle se tient dans un contexte d’insécurité due au terrorisme qui sévit dans la zone sahélienne (Burkina Faso, Mali et Niger) avec de graves conséquences sur les femmes et les enfants et sur les avancées engrangées par ces États avec l’appui de leurs partenaires, dont les organisations de la société civile. C’est dire que le monde a encore beaucoup à faire pour que les promesses de Beijing soient une réalité. La vérité est que les droits des femmes ne sont pas suffisamment promus et intégrés. Les femmes portent toujours , et ce, de manière disproportionnée le poids de la pauvretéde la guerre, de la maladie, du manque d'eau potable, du changement climatique et de la famine.
C’est pourquoi, j’apprécie très positivement l’organisation et la tenue de cette première édition de la Session Alternative de la Condition de la femme à Ouagadougou, au Burkina Faso (CSWA-BF).
Mesdames,
Vous êtes en train de construire une belle approche qui s’articule avec la vision du gouvernement quant au portage des enjeux nationaux et transnationaux des droits des femmes. C’est une démarche qui est très pertinente pour le Burkina Faso, voire pour le continent, et j’espère qu’elle sera bientôt citée parmi les meilleures pratiques de diplomatie publique inspirées par les Nations Unies. Les africaines peuvent désormais compter avec Ouagadougou qui vient de planter l’étendard CSW de proximité et de participation effective des femmes dans le prolongement des grandes questions qui se discutent à New York.
Je félicite et je remercie le Cadre de concertation des organisations et acteurs intervenant sur le genre et la participation citoyenne des femmes de déporter la CSW à Ouagadougou au Burkina Faso, pour une participation inclusive de tous et toutes. Cette rencontre de Ouagadougou permettra d’analyser les réalités vécues par les femmes Burkinabè et celles des femmes de la sous-région présentes à cet événement. Vos orientations thématiques de référence seront des outils essentiels pour renforcer et faire avancer la diplomatie, la politique et les engagements du gouvernement en matière de droit et de promotion de la femme et de la fille au Burkina Faso ,dans la sous-région, et partout dans le monde.
C’est le lieu pour moi d’appeler ONU FEMMES, l’UNFPA et les institutions régionales à soutenir cette initiative de localisation de la CSW, et à intensifier leurs actions de promotion et de protection des droits des femmes et des filles au Burkina Faso. Le tableau peu reluisant de la situation des femmes burkinabè ici présenté, mérite toute notre attention, et l’amplification des actions visant à corriger les disparités et inégalités inacceptables. Que pouvons-nous faire de plus ?
Mesdames,
Je vous ai écoutées, entendues et j’ai compris votre plaidoyer. En réponse, je ne peux que m’engager à vos côtés pour le porter au plus haut niveau, au sein du gouvernement et pour vous en assurer, je vais revenir sur les principaux points, en invitant tous les acteurs concernés à les porter avec nous :
1. Renforcer nos engagements pour la promotion des droits des femmes en commençant par la reconnaissance formelle de leur contribution et de leur sacrifice à la construction de la nation et la consolidation de la paix au Burkina
2. Célébrer la femme rurale en ramenant au cœur des politiques publiques les priorités de son autonomisation économique et sociale réelle. Il est indéniable que cette question cruciale mérite qu’on en fasse une priorité spéciale. L’idée de lui consacrer une décennie au cours de laquelle, on se donnera les moyens d’apporter les solutions justes et équitables qui assurent l’intégration harmonieuse des femmes dans la marche de notre pays, est bien notée et entendue. Elle sera fidèlement rapportée au chef du gouvernement et au Président du Faso.
3. Je accorde qu’en étroite collaboration avec le ministère en charge de l’humanitaire, nous inscrivions désormais la question de la femme rurale dans l’agenda de notre diplomatie ouverte sur le monde. La prise en charge holistique de ces questions gagne du terrain partout dans le monde. Le Burkina Faso ne serait pas en reste. Nous sommes contraints de nous engager en faveur d’une de plus de la moitié de notre population. Elle est à tout égard, la plus grande force de travail et de production de richesse, constituant à elle seule 63% (à vérifier) de la main d’œuvre rurale. Nous mènerons le plaidoyer nécessaire pour que Ouagadougou soit pour la femme rurale, ce que Beijing, le Caire et Maputo ont été dans les progrès inestimables consacrant la protection, l’intégrité physique et la sécurité humaine des femmes dans le monde.
4. C’est un impératif d’accorder clairement aux femmes, les moyens de mettre en œuvre l’agenda Femmes Paix et sécurité, que les Nations Unies ont élaboré avec tous les pays, et permettre aux femmes Burkinabé de contribuer à la stabilisation de notre pays. Les réalités de la crise nous l’imposent et nous devons apporter les réponses à la hauteur des enjeux. Plus que jamais, nos mères, nos sœurs, nos filles doivent retrouver intégralement leur rôle d’actrices de paix et de développement. Nous soutiendrons la mobilisation de ressources pour l’opérationnalisation du PANI et des autres stratégies qui concourent au renforcement de l’action et du rôle des femmes à la consolidation de la paix et la cohésion sociale dans notre pays. Je remercie le Cadre d’avoir défini la thématique de la stabilisation pour cette première édition de CSWA, qui restera dans l’histoire une première.
5. Il était bien nécessaire de rappeler les devoirs de notre génération envers les aînés. Nous devons effectivement beaucoup de reconnaissance aux pionnières célèbres ou non qui ont contribué à bâtir ce pays qui tient encore debout malgré tout. Nous le devons aux hommes et aux femmes en premier lieu. Se prononcer sur ce sujet est aussi une question d’équité et de justice sociale
6. Le martyr des femmes d’Arbinda est un fait que personne n’oublie. Ces femmes froidement assassinées méritent effectivement un mémorial en leurs noms. Ce plaidoyer aussi sera soutenu auprès de qui de droit.
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Avant de clore mon propos, je voudrais rassurer les femmes burkinabé et africaines que la diplomatie burkinabé compte intégrer dans ses actions et marquer sans équivoque, son attachement aux conventions que notre pays a ratifiées pour les droits inclusifs des femmes et des filles. En vous souhaitant un plein succès dans vos travaux, je déclare actée la première édition de la CSWA-Burkina 2024 , tout en annonçant le thème de la deuxième édition qui, vous le déduisez bien, portera sur la femme rurale et son rôle dans la sécurité humaine au Sahel. Je vous remercie.
[1] Le rapport a été publié avec la cote A/CONF.177/20/Rev.1
[2][2] 68e session de la Commission de la condition de la femme | ONU Femmes (unwomen.org)